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Architecture gothique : caractéristiques, éléments & exemples français

Avec ses voûtes audacieuses, ses arcs élégants et ses vitraux lumineux, l’architecture gothique est un véritable symbole de l’art médiéval. Développé au XIIe siècle en France, ce style unique s’est imposé rapidement en Europe et demeure aujourd’hui un incontournable du patrimoine architectural mondial. Ce guide vous invite à explorer les caractéristiques techniques de l’architecture gothique, des éléments typiques aux édifices emblématiques. Sans oublier les différences avec le style néogothique !


Sommaire :



Façade gothique de la cathédrale de Notre-Dame de Paris avec ses arcs-boutants et ses rosaces imposantes

Qu’est-ce que l’architecture gothique ? Définition et dates



D’où provient le nom d’art gothique ? Et de quand date ce courant artistique si connu de nos jours ? Il est temps d’aborder ces deux notions-clés afin d’y voir plus clair sur ce qu’on appelle l’architecture gothique.


Que signifie le terme d’art gothique ?


L’architecture gothique fut appelée ainsi durant la Renaissance, à partir du XVIe siècle. À cette époque, les intellectuels et les artistes mettaient sur un piédestal les arts et l’architecture de l’Antiquité gréco-romaine. Ils les voyaient comme l’idéal stylistique à atteindre, un modèle inspirant qu’il fallait égaler à tout prix.

Les courants stylistiques du Moyen-Âge de l’an Mille à la fin du XVe siècle, n’avaient pas cette même volonté de reprendre les éléments artistiques antiques. L’architecture fut donc assez logiquement différente de celle que l’on trouvait à Rome et en Grèce au cours de l’Antiquité.

 

👉Dans ce cas, comment définir un courant artistique qui ne s’inspire pas de Rome et de la Grèce ?

 

Les Humanistes de la Renaissance ont alors eu l’idée de reprendre le nom du peuple germanique qui avait envahi l’Empire Romain durant l’Antiquité tardive pour le définir. Les Goths, pour les citer, ont donc vu leur nom être réutilisé pour définir l’architecture médiévale comprise entre le XIIe siècle et le XVe siècle. Cela donna le style gothique, c’est-à-dire un courant artistique qui s’inspirerait des savoirs barbares situés en dehors du monde romain. Bien sûr, l’architecture gothique est plus complexe que cela, mais c’est ainsi que les savants du XVIe siècle la percevaient. Après cela, la notion de gothique fut conservée et même utilisée pour désigner la célèbre police d’écriture des manuscrits médiévaux.


Quand est née l’architecture gothique ?


Sauriez-vous donner, à quelques années près, la date de naissance de l’architecture gothique ? Non ? Ce n’est pas grave car nous allons maintenant aborder la question des débuts du style gothique en architecture. Et pour l’étudier, nous devons parler un peu de l’abbé Suger, abbé de Saint-Denis entre 1122 et 1151.


Si l’histoire vous passionne, ce nom doit vous dire quelquechose. Il est connu car il est aujourd’hui considéré comme « l’inventeur » de l’architecture gothique. En tout cas, il est le premier à avoir lancé une construction dans le style gothique, alors que tous les autres édifices appartenaient au style Roman à cette époque.


Voici les dates-clés de la première construction gothique :

  • En 1135, la reconstruction de l’abbatiale de Saint-Denis débute.

  • En 1140, il s’attèle à la réédification du chevet de l’abbatiale, qu’il souhaite plus haut et plus lumineux que jamais.

  • Le chevet est terminé en 1144.

 

Comment savons-nous que l’abbé Suger est bien le « père » du style architectural gothique ? Tout simplement car en tant qu’abbé, il a écrit plusieurs livres sur la manière dont il administrait son abbaye. L’un d’entre eux nous est parvenu sous le nom de : « Écrit sur la consécration de Saint-Denis ». Dans celui-ci, l’abbé Suger détaille les grandes dates de la reconstruction. Mais il donne aussi 3 raisons qui l’ont poussé à le faire :

1.     L’abbatiale est devenue trop petite ; son volume doit être augmenté.

2.     Le nombre trop important de pèlerins oblige à revoir l’organisation spatiale du chevet.

3.   La lumière, qui est comprise comme étant l’expression de la présence divine, doit être omniprésente.

 

Suger a voulu construire d’une manière totalement nouvelle pour concrétiser ces 3 besoins liturgiques et pratiques.



Quelles sont les caractéristiques du style gothique en architecture ?



Les éléments caractéristiques du style gothique découlent directement des innovations mises en place sur le chantier de l’abbatiale de Saint-Denis. De l’arc-boutant aux vitraux colorés, vous saurez très vite identifier une cathédrale gothique la prochaine fois que vous en verrez une !


Quels sont les éléments architecturaux caractéristiques du gothique ?


Les voûtes d’ogives


Les voûtes d’ogives constituent l’élément le plus représentatif du style gothique en architecture. Elles sont facilement repérables à leur apparence d’épaisses nervures qui habillent les plafonds des églises et des cathédrales gothiques. Sur une seule voûte, on peut compter 2 ogives, qui se croisent à angle droit : elles sont dites quadripartites (4 parties). Mais parfois, on en compte davantage : 3, 4 ou même bien plus sur les voûtes complexes.

 

Leur utilité est simple : récupérer le poids de la toiture et de la voûte et le répartir à des points précis. Si vous observez attentivement ces ogives, vous remarquerez qu’elles retombent sur des colonnettes ou des colonnes. Ces dernières servent ainsi d’assises sur lesquelles le poids de l’édifice repose. Grâce à ce poids réparti sur des points précis, les murs autrefois épais ont pu être amincis et décorés de vitraux colorés.

 

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Voûte d'ogives dans une cathédrale gothique, symbole de l'architecture gothique en hauteur

Les arcs brisés


Les arcs brisés existaient déjà au XIe siècle dans certaines abbayes clunisiennes romanes. Néanmoins, ils sont rares et ne deviennent indispensables qu’à partir de la période gothique. Pourquoi dit-on qu’ils sont brisés ? Car ils ressemblent à un arc en plein-cintre, qui a une forme de demi-cercle, à ceci près qu’ils semblent brisés à leur sommet. D’où leur nom !


Cette forme si particulière permet de diminuer le poids supporté par l’arc en son centre. Son utilité est simple : répartir là-encore le poids reçu vers les côtés. Si vous observez bien les cathédrales gothiques, vous remarquerez que le poids reçu par les arcs brisés part sur les piles qui recevaient déjà le poids des voûtes d’ogives. Il n’y a pas de hasard dans l’architecture gothique : tout est calculé pour concentrer les forces au même endroit ; et ce n’est pas fini ! 


Les arcs-boutants


Les ogives et les arcs brisés ont tendance à renvoyer les forces vers les côtés : c’est l’effort latéral. Si rien n’était fait pour contrer cet effort latéral, les murs auraient tendance à s’écarter. Cela se remarque d’ailleurs à l’intérieur de petites églises après quasiment 800 ans de poussées latérales. La solution trouvée par les bâtisseurs de la période gothique fut d’ajouter des éléments architecturaux à l’extérieur du bâtiment qui viendraient exercer une poussée contraire à celle des ogives.

Ce sont les fameux arcs-boutants, reconnaissables à leur forme de volée si élégante. On les retrouve sur toutes les cathédrales gothiques célèbres de France : Notre-Dame de Paris, Reims et bien sûr la cathédrale d’Amiens. Ils sont un élément indispensable au bon équilibre des poussées dans un édifice gothique.

 

Le saviez-vous ? Les arcs-boutants sont parfois positionnés au mauvais endroit et ne repoussent donc pas bien la poussée des voûtes d’ogives. C’est le cas à Beauvais et à Noyon.


Arc-boutant de cathédrale gothique, architecture de soutien caractéristique du style gothique

L’omniprésence de vitraux colorés


Dans le monde occidental, l’art du vitrail est maîtrisé dans le courant du XIe siècle, soit un peu avant le développement du style gothique. Mais il devient omniprésent dans les édifices de la période gothique.


Pourquoi ? Parce que la concentration des forces en des points précis d’un édifice gothique permet d’évider les murs, et donc de multiplier la surface des vitraux. Le style gothique flamboyant, qui caractérise le XVe siècle, constitue même l’apogée de la surface vitrée dans les églises gothiques. Parfois, on atteint presque 50 % de surface vitrée sur un mur, comme dans le chœur de la cathédrale de Beauvais. Un chiffre fou !


Rosace et vitraux colorés de la cathédrale gothique, éclairage symbolique et décoratif

Comment différencier styles roman et gothique sur un monument ?


Vous êtes face à une église en France et vous vient la question subsidiaire : est-elle de style roman ou gothique ? Comment différencier ces deux courants architecturaux d’un coup d’œil ?

En fait, vous avez déjà une partie de la solution si vous avez lu notre paragraphe précédent. Désormais, vous savez que l’architecture gothique possède 4 éléments distinctifs : des voûtes d’ogives, des arcs brisés, des arcs-boutants et des vitraux colorés de grandes dimensions.


L’art roman en architecture se caractérise lui par l’utilisation quasi-systématique :

1.     De l’arc en plein-cintre, de forme semi-circulaire.

2.     De voûtes d’arêtes, qui peuvent être confondues visuellement avec les voûtes d’ogives, mais qui sont plus fines.

3.     De piliers et de murs épais pour soutenir les voûtes.

4.     De baies ébrasées aux dimensions restreintes.

 


Comparaison des styles roman et gothique : église romane simple et cathédrale gothique élancée

Pour en savoir plus sur l’architecture gothique VS romane, nous vous conseillons la lecture d’un article du Centre des Monuments qui est très didactique.

 

👉 Vous souhaitez découvrir un monument gothique emblématique en France ? Écoutez nos podcasts sur l’architecture de la Sainte-Chapelle de Paris sur Altava Odyssey ! 🎧



Quels exemples gothiques d’architecture trouve-t-on en France ?



Née en Île-de-France vers 1140, l’architecture gothique s’est diffusée rapidement dans ce qui était au XIIe siècle le royaume de France. Mais pas seulement : toute l’Europe a ensuite repris et personnalisé ce courant artistique caractéristique du Moyen-Âge occidental. De nos jours, des milliers de monuments gothiques sont encore debout et en excellent état de conservation. Faisons un tour des plus belles cathédrales gothiques de France et voyons les exemples incontournables de la Ville-Lumière.


Les 5 plus belles cathédrales gothiques françaises


Maintenant que vous avez les éléments du style gothique en tête, il est temps de passer en revue le top 5 des plus belles cathédrales françaises bâties dans ce style architectural. Pourquoi ces édifices, où siègent les évêques ? Tout simplement car ce sont les bâtiments les plus représentatifs de ce courant artistique médiéval. Hautes, volumineuses et baignées de lumière, elles permettent de comprendre en quelques minutes l’utilité-même du gothique.


Notre-Dame d’Amiens : la plus volumineuse


C’est l’une des questions les plus débattues quand on parle d’architecture gothique : mais quelle est la plus grande cathédrale gothique de France ? En fait, cela dépend de la définition que l’on donne à la grandeur. En ce qui concerne le volume, c’est Notre-Dame d’Amiens qui remporte la palme avec un volume intérieur impressionnant de 200 000 m3, soit 2 fois celui de la cathédrale Notre-Dame de Paris ! Elle détient aussi le record de la nef la plus haute puisque les clés de ses voûtes d’ogives culminent à 42 mètres au-dessus du niveau du sol.

 

Pourquoi est-elle si belle ? Elle dégage une impression d’homogénéité unique sur le plan architectural. Très stable du point de vue architectonique, elle impressionne par ses dimensions dantesques.


Notre-Dame de Chartres et ses vitraux d’origine


La cathédrale Notre-Dame de Chartres est juchée sur une colline au centre de la ville médiévale. Le fait qu’elle soit bien plus haute que tous les autres édifices de la ville nous permet de l’apercevoir à 20 kilomètres à la ronde !

 

Pourquoi est-elle si belle ? Elle est la seule cathédrale française à disposer de ses vitraux d’origine. La ville est d’ailleurs devenue la capitale internationale du vitrail grâce à cette particularité. La couleur « bleue de Chartres » vient d’ailleurs de celle que l’on aperçoit sur ses vitraux de la période gothique.


La cathédrale Notre-Dame de Strasbourg : la façade la plus haute


De l’aveu même de Victor Hugo, Notre-Dame de Strasbourg est un « prodige du gigantesque et du délicat » ! Voilà qui résume assez bien cette cathédrale alsacienne dont l’une des tours de façade atteint 142 mètres de haut. Entièrement bâtie en grès rose des Vosges, elle présente encore les marques de tacherons médiévales, si rares dans les autres édifices de la même époque.

 

Pourquoi est-elle si belle ? Parce que l’usage du grès rose lui donne des teintes extraordinaires lorsque le soleil l’éclaire. En plus de cela, elle abrite une magnifique horloge astronomique datant de la Renaissance. À voir absolument.


La cathédrale Notre-Dame de Reims : le prestige des rois de France


La cathédrale Notre-Dame de Reims est peut-être celle dont l’histoire est la plus prestigieuse. Au total, elle fut le théâtre de 33 couronnements de rois de France, de l’an 816 à 1825. Détruite partiellement durant la Première Guerre Mondiale, cette cathédrale à l’architecture gothique fut restaurée avec des méthodes modernes. Les voûtes d’ogives en pierres de taille furent remplacées par des copies en béton armé. Mais ça ne se voit pas !

 

Pourquoi est-elle si belle ? Pour sa dimension historique unique en France, bien entendu ! Marcher sur ses dalles vous place dans les pas des têtes couronnées de l’histoire de France. Mais aussi pour ses vitraux qui furent dessinés par Marc Chagall. Un bijou de couleurs chatoyantes.


La cathédrale Saint-Étienne de Bourges : la plus belle perspective intérieure


La cathédrale Saint-Étienne de Bourges est une merveille gothique particulière. Elle fut bâtie en à peu près un siècle, ce qui est très rapide pour cette époque. Elle possède donc un style architectural très homogène, qui ne fut que peu modifié depuis le XIIIe siècle.

 

Pourquoi est-elle si belle ? Parce qu’elle fut construite sur un plan à 5 vaisseaux dépourvus de transept. Quand on y entre, la perspective qui s’offre à nous, du porche au chœur, est à couper le souffle.

 

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Quels sont les exemples célèbres d'architecture gothique à Paris ?


Paris, en tant que ville principale du royaume de France durant le rayonnement de l’architecture gothique, fut l’un de ses foyers les plus actifs. Citons d’ailleurs la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui rouvre en décembre 2024 après 5 ans de travaux, et qui est l’une des premières cathédrales gothiques de France.

Mais, au-delà de cette cathédrale très connue, la capitale française possède encore quelques témoins civils et religieux du style gothique :

1.     La Conciergerie, qui possède encore une magnifique salle voûtée d’ogives dans son sous-sol, date en partie du XIVe siècle.

2.     La Sainte-Chapelle, construite entre 1241 et 1248 par saint Louis pour abriter les reliques de la Passion du Christ.

3.     La tour Jean-sans-Peur, édifiée pendant la Guerre de Cent Ans par le duc de Bourgogne, possède un escalier à vis absolument superbe.

4.     L’Hôtel des archevêques de Sens, qui abrite aujourd’hui la bibliothèque Forney, est un exemple rarissime d’architecture gothique civile.

5.     Le Musée National du Moyen-Âge, dit musée de Cluny, est un ancien hôtel particulier construit dans un très beau style gothique.

 

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Différence entre architecture gothique et néogothique : comment les distinguer ?


Les différences entre architecture gothique et néogothique sont subtiles. La première est la date à laquelle les édifices appartenant à ces deux courants stylistiques ont été bâtis : le Moyen-Âge pour le gothique, mais le XIXe siècle pour le néogothique. Pourquoi cela ? Parce qu’au XIXe siècle, plusieurs courants dit « historicistes » ont vu le jour. On retrouve le Néoroman, qui reprenait les éléments caractéristiques du Roman pour bâtir, mais aussi le Néobyzantin qui a permis d’édifier la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. Puis, on a le Néogothique, qui reprenait l’aspect des bâtiments gothiques.


Plusieurs architectes célèbres du XIXe siècle ont embrassé le courant du Néogothique pour donner un aspect médiéval aux édifices qu’ils construisaient. C’est le cas d’Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc ou de Jean-Baptiste Antoine Lassus, pour ne citer qu’eux.


À Paris, plusieurs édifices connus, que vous croisez peut-être souvent, ne datent pas du Moyen-Âge, mais du XIXe siècle ! C’est le cas de la basilique Sainte-Clotilde, terminée en 1857, mais aussi de l’église Saint-Bernard de la Chapelle, bâtie entre 1858 et 1861. À Lille, la cathédrale de la Treille est aussi néogothique. Tout comme la basilique Notre-Dame de Nice et l’église Saint-Roch de Montpellier.

 

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En conclusion


L’architecture gothique incarne l’essence même du génie médiéval : une quête d’élévation, de lumière et d'équilibre entre structure et esthétique. Chaque édifice gothique, de Notre-Dame de Paris à la cathédrale d’Amiens, reflète une volonté d’innovation, un respect pour la tradition religieuse et une maîtrise technique impressionnante. Ce style a marqué l’Europe de son empreinte et a donné naissance, des siècles plus tard, à un courant néogothique inspiré des chefs-d'œuvre du Moyen-Âge. En explorant ce style architectural unique, vous effectuez une plongée dans l’histoire et le savoir-faire médiévaux.

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